Texte de Francois-Xavier Cierco :
Il suffit parfois de cueillir une poignée de fruits rouges dans l’écrin d’ouate du brouillard
Ou de voir le ciel ouvrir son œil bleu crénelé de montagnes entre deux paupières de nuages lourds
Pour obtenir une réponse – parmi d’autres – aux questions sans fond de l’existence.
C’est bien cueillir qui désigne cette façon d’agir ou de penser
Ou puiser. Ou pêcher.
Se nourrir d’escarbilles de la beauté du Monde – des éclats d’émail que le vent vous apporte.
Et c’est assez déjà pour résister aux grisailles du temps qui nous sont promises.
Forges d’où sortent ces amorces de fragilités
Sans lesquelles les corps nus ne savent se défendre autrement qu’avec l’agressivité de leurs pieds et de leurs mains
Et qui donnent – et c’est assez – l’illusion d’une force d’âme.
Et voilà mon rôle, celui que j’ai choisi d’endosser
Voilà ce dont je me crois investi
Petit réservoir que le ciel veut bien remplir de miettes de hasard
Dont il faudra transmettre les messages de proche en proche
Jusqu’à l’autre
Par étincelle ou par percolation
Maintenir l’équilibre de la flammèche,
Celui de la goutte d’eau.